Publicitaire et entrepreneur, Maxime Hibon est aussi photodidacte. Il s’est forgé un oeil grâce à des photographes de renommée internationale tels que Patrick Tourneboeuf ou Gueorgui Pinkhassov de l’agence Magnum. Il partage son temps entre la France et les US, entre Paris et NY. Rencontre avec un photographe pas comme les autres…
- Que cherchez-vous à transmettre avec vos photos?
Je suis tombé dans la photo il y a sept, huit ans environ. Je n’y cherchais pas grand chose au début, simplement à répondre à une étrange demande: celle d’un client, à savoir Kanye West que j’aidais à se faire accepter de l’univers de la mode. Il était presque inconnu en France et était ici quasiment comme un touriste à l’époque. Il voulait que je l’aide à immortaliser des moments parisiens.
Depuis, j’ai bien entendu énormément progressé et ce que j’y cherche à terriblement évolué. Désormais, ce que je cherche à transmettre est ma technique, mon regard, ma curiosité. J’écrivais beaucoup et j’ai remplacé les mots par des images. Je cherche à partager l’insolite, ce qu’on ne voit pas forcément et l’humain qui nous entoure.
- La photo est-elle un moyen de communication?
Bien entendu, la photo est une forme de communication extrêmement poussée… surtout si la photo prise est réussie. Nous sommes dans un monde qui nous prend d’assaut par l’image, et la photo est son aboutissement. Il faut chercher, non seulement à évoluer, à challenger, mais, et c’est là le plus dur, à émerger. Communiquer par la photo, c’est savoir capturer une histoire, communiquer avec un public et lui donner envie de poursuivre sa connaissance de votre travail.
- Vous travaillez essentiellement entre Paris et NY, entre la France et les US, pourquoi?
Paris et NY sont les deux villes que je connais le mieux. Ce sont mes racines et deux lieux tellement différents qu’ils m’ont permis de me forger. Peu de villes vous demandent d’ouvrir autant les yeux et touchent autant l’âme. J’ai la chance de les connaitre très bien, et il m’est donc plus aisé de m’y perdre. Mais ce coté multiculturel m’incite aussi à découvrir des lieux moins courus, moins évidents.
Je reviens du Texas où j’étais parti pour les fêtes afin de prendre un grand bol d’air et m’échapper de la tension actuelle qui règne à Paris. J’ai à Dallas une galerie qui s’occupe de moi et qui trouvait mon travail un peu trop parisien. C’était l’occasion de faire d’une pierre deux coups. Au final bien m’en a pris puisque nous préparons désormais une exposition à Dallas. Ce sera l’occasion de poursuivre ma découverte de cet état qui ne ressemble à aucun autre et avec lequel j’ai un lien tout à fait inattendu: la Place Vendôme à longtemps hébergé l’ambassade du Texas en France. C’est un de mes quartiers de prédilection. J’y ai travaillé, j’y ai vécu. Il était naturel de chercher à créer un lien entre ces deux mondes qu’on ne suppose pas forcément.
- Tissez-vous des liens avec les personnes que vous photographiez
Cela dépend du travail que je réalise. En premier lieu, mon école de photo est ma famille et surtout mes enfants. Il va de soi que j’ai dans ce cas un lien très fort. C’est aussi pour eux l’occasion d’apprendre une passion, de regarder le monde autrement et de jouer. Lorsque je suis dans la rue, c’est pas forcément le cas. Au contraire dans un tel cas, l’individu vient traverser le cadre que vous avez posé… il ne fait que traverser la lumière, le décor. On cherche plutôt à se faire oublier.
Cependant la rue est aussi pour moi un lieu ou j’ai tissé des liens très forts. C’est le fruit et l’objet du travail que je réalise depuis plus de deux ans avec la Gendarmerie Nationale.
- Pourquoi un livre sur la gendarmerie?
Avant tout c’est une rencontre. J’ai eu la chance de me voir proposer par le SIRPA de contribuer dès le départ à leur envie de créer un livre sur la vie des femmes et des hommes de la Gendarmerie. Ils cherchaient un regard moins institutionnel peut être. J’y ai vu une opportunité unique de découvrir la France autrement, surtout j’ai eu envie d’être utile à ceux qui le sont tous les jours pour nos concitoyens.
Nous venons de sortir le second livre de la Gendarmerie. Il est édité à 14,000 exemplaires et j’espère qu’il permet à celles et ceux que j’ai eu la chance de côtoyer de s’y retrouver honnêtement dans leur quotidien.
Il va de soi que les événements que nous vivons depuis plusieurs semaines chaque samedi me pousse à aller à leurs cotés afin de saisir l’instant, de documenter et comprendre ce qu’il se passe. Je suis chaque fois impressionné par leur maitrise, leur calme et leur professionnalisme. De ce travail devrait aussi découler une exposition que je souhaite là encore utile et qui sera donc conçue afin de servir leur engagement.
- La photo est-elle une invitation à une forme de voyage?
La photo est peut être plus encore une excuse au voyage… Ce que j’entends par là c’est que je choisi des lieux qui au final sauront raconter une histoire commune qu’on n’entrevoyait pas. De Marfa à la Baie d’Halon en passant par Monument Valley il y a des liens qui se tissent par l’image. Mais oui, la photo pour beaucoup est une invitation au voyage.
- Votre souvenir de voyage le plus intense?
Je suis venu tardivement à la photo et je le regrette… Nous ne sommes pas forcément dans la bonne époque pour souhaiter plonger corps et âme dans ce défi… Mais les passions ne se maitrisent pas, ne s’expliquent pas. Elles se vivent.
Plus récemment, j’ai su trouver au Vietnam et aux Etats Unis des moments inattendus qu’il fallait tenter de saisir à l’aide d’un appareil.