Parenthèse onctueuse à l’hôtel du Couvent

Séjourner à l’hôtel du Couvent, c’est surtout faire un double voyage dans le temps :

C’est d’abord s’autoriser à explorer un passé, pas si lointain, qui se compte en années, où les nonnes séjournaient encore dans ce couvent niché au pied de l’ancien château de Nice.

La mémoire des lieux a été conservée pour rendre hommage à ces religieuses qui ont habité et animé ce couvent pendant de si longues décennies. La boulangerie et l’herboristerie sont intactes, on s’y délecte des odeurs savoureuses qui semblent avoir été préservées, on foule les sols à la chaux encore onctueux, on se love dans les anciennes cellules des nonnes qui ont été rafraichies pour un résultat magistral : tout en élégance et en simplicité.

Des lieux, délicieusement pétrifiés, mais aussi une philosophie de vie qui continue à infuser, et c’est là que l’hôtel du Couvent marque des points! Le botaniste, originaire d’Uruguay, est intarissable sur l’hectare de verdure qui lui a été offert. Il marche dans les pas de ces religieuses qu’il n’a pas connues. Il n’a de cesse de s’épancher sur cette philosophie qui l’habite, qui est encore en décalage mais qui va changer le monde : « toute l’énergie que l’on prend, on la rend, à l’image de ce que faisaient les femmes qui ont habité ici ». Tilleuls, glycines, orangers et citronniers… Ce dernier imagine un jardin foisonnant, poétique, qui épouse les saisons et se déploie, de façon organique.

J’ai suggéré un double voyage. Car l’hôtel du Couvent est aussi un voyage dans la modernité. Et la formulation d’un espoir : Celui d’un monde plus durable, plus végétal, plus généreux, plus proche de la nature. La cuisine s’ancre dans le rituel séculaire du lieu, de façon très décomplexée d’ailleurs, tout en spontanéité. D’ailleurs, ce même botaniste va planter du thym au pied de la piscine pour que les clients puissent marcher dessus et être en osmose avec les odeurs. Cet hôtel est profondément ancré dans le futur, ce n’est pas une utopie, c’est un optimisme de volonté. Un des fers de lance de ce futur, c’est Thomas Vételé, le chef, qui fait virevolter, en cuisine, les produits des producteurs locaux. les twiste pour casser les codes. Thomas, c’est la conjugaison du talent et d’une vision très puissante.

Vous l’avez compris, en s’emparant du passé, l’hôtel du Couvent a crée une opportunité dans le présent.

L’hôtel du Couvent ce sont des jardins, des espaces de vie, des thermes et 300 personnes, quasi invisibles, embarquées grâce à la détermination de leur “mère-supérieure”, Myriam Kournaf-Lambert (ultra talentueuse et alignée, elle avait déjà fait des prouesses au Montalembert à Paris), qui s’activent en coulisses. C’est aussi un idéal, solide, porté par propriétaire visionnaire, Valéry Grégo : celui d’être un hôtel à l’abri des regards tout en étant inclusif, qui accueille ceux qui veulent passer un moment, déambuler, prendre un verre ou même prendre un cours de yoga. Une autre idée de l’hôtellerie, résolument disruptive.

Gérard de Nerval qui a sillonné le monde et traversé l’Orient, disait, « je voyage pour vérifier mes rêves ».

L’hôtel du couvent est un voyage qui autorise les rêves les plus fous.