L’insoutenable légèreté du désert mauritanien

En dévalant les dunes chaudes et mordorées qui s’étirent à perte de vue, on comprend mieux pourquoi le géologue et écrivain Théodore Monod s’était entiché de la Mauritanie.

Dans Méharées, c’est lui qui insistait sur l’importance de l’itinérance : « vivre c’est avancer sans cesse, à travers un décor à la fois immuable et changeant, s’aventurer comme à tâtons sous les plus éclatants soleils ».

Le paysage est mutant, comme le disait Monod, dévorant d’humilité, bouleversant d’authenticité : montagnes effritées, désert susceptible… Trop souvent, trop longtemps délaissée, La Mauritanie a pourtant tant à offrir. Mauritanie, un brin effrontée, timide, Mauritanie si peu rancunière avec l’histoire, rebelle pour exister, mais qui s’enfonce dans une pauvreté désolante.

Ce vagabondage de 8 jours à travers la Mauritanie est une aventure humaine. Loin d’une semaine de « vacances » reposante mais (un peu) vide de sens, voilà une expérience un brin jusqu’au-boutiste au cours de laquelle chaque petit moment de vie vous sort de votre zone de confort.

7 nuits à la belle étoile, parfois ensablées, une déconnection digitale (et heureuse) totale, un dépassement sportif puisque certaines étapes peuvent être longues, à jongler des ergs aux regs, passer des gorges aux canyons, des dunes ondulantes aux palmeraies vert tendre, qui laissent souvent la place à des étendues sableuses qui s’étirent à perte de vue, hérissées de pommiers de Sodome, plante caractéristique du désert.

La marche rythme la journée, souvent pieds nus, dans le sable chaud des dunes. Les pieds s’enfoncent jusqu’à bruler. Heureusement la guelta fraiche et réconfortante n’est pas loin. La méharée de dromadaires nous frôle, chargée à bloc, sous une chaleur écrasante. Les chameliers, solaires, sont à l’image de ce pays : doux et méticuleux. Chaque geste est compté, anticipé. Voyager dans le désert, c’est prévoir, ranger, éliminer le superflu.

Un paysage à couper le souffle dans un territoire ultra sécurisé : La Mauritanie est le seul pays à ne pas avoir connu d’attaques djihadistes depuis 2011, ayant pourtant 2200 kilomètres de frontières avec le Mali, épicentre de la crise au Sahel.

Alors que la situation en matière d’économie ou d’éducation se dégrade indéniablement, l’augmentation des budgets en matière de défense ainsi qu’une palette de mesures ciblées et développées neutralise la menace terroriste.

Ainsi peut-on parler de « miracle mauritanien ». En 10 ans, cet espace d’une beauté insoutenable est devenu le désert de la paix.

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