Mais c’est également depuis peu le nom d’un hôtel en plein cœur du fameux quartier de Mitte. Disons-le : Gorki est indiscutablement un de mes derniers coups de cœur.
Gorki a tout d’un hôtel MyMoonSpots. Une entrée (volontairement) bien camouflée. Un accueil plus que chaleureux et détendu. Ils sont comme ça les allemands. Efficaces et ouverts. Dans ce lieu génial comme ailleurs dans la ville on se prend décidément très peu au sérieux.
Je fais vite la connaissance de Peter. Il a le look du loueur de vélos avec sa casquette, ses bretelles et son pantalon en jacquard. Il me sert la main, un sourire brillant aux lèvres et se présente comme le manager. Ici, on est loin du so french conservatisme. On sent en se baladant dans la rue, que Berlin bouillonne, que cette ville est en effervescence permanente. Personne ne semble gêné voire muselé, le champ des possibles est infini. Avec Berlin, l’Allemagne nous apporte la preuve qu’en dépit d’une Histoire culpabilisante, une ville peut totalement se retourner pour à nouveau inspirer et séduire. Berlin est la ville de tous les contraires, dans laquelle un passéisme nostalgique flirte avec une modernité branchée. C’est intense, souvent émouvant.
Revenons à Peter. Il me raconte, amusé, qu’il était comédien dans un des théâtres les plus en vogue de Berlin, le Deutsches théâtre, jusqu’à ce que l’envie de tenir un hôtel vienne lui trotter dans la tête. Il rencontre des investisseurs qui ont justement l’idée de créer des appartements haut de gamme dans le nouveau Mitte, à quelques mètres de la fameuse Kastanianallee et de la Kollwitz platz, le centre névralgique du Berlin branché.
5 ans de travaux plus tard, le projet voit le jour, sous la forme de 34 appartements raffinés, designés et décorés avec un rare sens du détail. Ce travail, on le doit à Sandra Pauquet, une jeune architecte franco-allemande qui navigue entre Paris et Berlin. Elle a su habilement et audacieusement travailler les 34 espaces et les meubler différemment, toujours avec justesse. En mixant des pièces Knoll avec d’autres, délicieusement vintage, chinées dans des marchés aux puces à travers l’Europe. Ici, c’est l’éclectisme qui prime : Gorki permet aux cuisines de s’inviter dans les chambres, aux salles de bain de s’intègrer à côté des lits, l’espace est retravaillé sans dénoter. « Nos hôtes raffolent de l’intimité que Sandra Pauquet a su instiller dans chaque chambre » constate Peter.
Ici, la confidentialité est de mise. Le lobby est volontairement hors du champ de vision lorsque l’on pénètre les lieux. On s’en approche si un besoin de service devient nécessaire, on s’en détache si on préfère rester anonyme.
Si Peter n’est plus comédien, il continue à côtoyer des artistes et les fait entrer dans l’univers Gorki. Ces deux mondes ne s’effleurent pas, ils deviennent complémentaires. Plusieurs réalisateurs sont venus tourner des films, de jeunes artistes s’installent régulièrement dans un des deux penthouses pendant plusieurs jours pour y faire des prises de vue. Plus qu’un hôtel, Gorki est un lieu de vie, en mouvement, dans lequel l’émotion est palpable. « Gorki n’est pas un produit, mais une idée, une philosophie de vie » confirme Peter.
Gorki est sans nul doute le miroir de la frénésie qui s’est emparée de Berlin Est ces dernières années. Pas une rue qui ne soit en réfection, pas un coin de rue sans une boutiques ou un café tendance en lieu et place d’anciens quartiers délabrés ou de vieilles usines désaffectées. Au passage, cette énergie créatrice vient gommer des pages entières d’histoire. Nul besoin de réserver des tables, ou de se faire conseiller l’adresse qui ne soit pas touristique. Il suffit de faire quelque pas pour tomber sur un brunch à tomber, un vietnamien ou un italien abordable et savoureux. Convaincu ?