Talentueux mais humble, décomplexé sans toutefois se prendre au sérieux, la rencontre avec Julien Levy réalisateur, mais surtout photographe en pleine ascension, qui partage son temps en 3 villes qui l’envoûtent, Paris, Tokyo, et New York, est un moment précieux.
Interview volée et photos d’un Tokyo by night, en forme de religion, éblouissant de sincérité.
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Comment êtes vous tombé dans le bain de la photo?
Quand j’avais une vingtaine d’années je jouais dans des groupes de punk. Et nous passions beaucoup de temps en tournée. Et si les soirées étaient toujours très intenses entre la scène, les gens que nous rencontriions, les visites nocturnes des villes, les journées, elles, étaient très monotones. Nous étions sur la route tout le temps. J’ai donc commencé à utiliser un appareil photo argentique que mon père m’avait donné. C’était vraiment pour contrer l’ennui au début. Et peu à peu, comme on me disait que mes photos étaient plutôt pas mal, je me suis mis à les montrer. Après quelques expositions, j’ai vite bifurqué vers le format livre, que je trouvais plus puissant.
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Vous semblez être un noctambule. Pourquoi la nuit? Sublime-t-elle votre travail?
Je suis surtout un grand urbain, et je trouve les villes plus belles la nuit. Les journées rendent les villes très rigides, très dures, ça ne me plait pas. Et puis il y a le fait que je vis moi-même plutôt la nuit, quand la ville se calme. Je prends donc mes photos aux moments que je connais le mieux, en utilisant le décor que je connais bien, celui de la pénombre, des lumières artificielles, des rues vides, des bars, etc.
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Comment réussissez vous à faire transpirer l’atmosphère particulière que l’on ressent dans vos photos?
Je ne sais pas du tout. Je ne suis pas vraiment un technicien, je prends des images au feeling et elles sortent avec ces couleurs-là, ces ambiances-là. Je crois que le fait que je demande à passer du temps avec mes sujets avant les prises de vue, afin qu’ils soient très sereins au moment de la prise de vue, joue aussi.
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Etes vous proches des gens qui irradient sur vos photos?
Dans le cas de No One Is Here For You, il s’agit en grande partie de gens avec qui j’ai travaillé sur des films par le passé (acteurs, actrices, mannequins, musiciens…). Nous nous connaissons bien et c’est ce qui a permis d’aller traîner ensemble la nuit pendant le couvre-feu, et c’est ce qui donne cette sensation d’intimité, qui n’est pas factice du tout. Les prises de vue étaient courtes, mais nous parlions beaucoup avant celles-ci. Je pense que c’était important que l’on sache où j’allais avec ce livre, et qu’ils étaient pleinement partants.
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Le goût des autres est il indissociable de la photo?
Oui. Je crois que la photographie est avant tout ce que le sujet en fait, puis ce que le spectateur en fait. On a montré ce livre et ces tirages dans différentes parties du monde, et les gens réagissent très différemment. Je trouve çà assez fascinant d’ailleurs.
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Vos photos sont elles une invitation au voyage?
Toujours! Il faut en tout cas qu’elles donnent envie de partir. De quitter quelque chose. J’aime les gens qui s’enfuient, qui sautent dans le vide. Si mes images donnent cette envie, je suis ravi.